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Simenon, Georges - La nuit du carrefour

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Simenon, Georges - La nuit du carrefour
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La nuit du carrefour
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Описание книги "La nuit du carrefour"

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Quand Maigret, avec un soupir de lassitude, écarta sa chaise du bureau auquel il était accoudé, il y avait exactement dix-sept heures que durait l'interrogatoire de Carl Andersen.

On avait vu tour à tour, par les fenêtres ans rideaux, la foule des midinettes et des employés prendre d'assaut, à l'heure de midi, les crémeries de la place Saint-Michel, puis l'animation faiblir, la ruée de six heures vers les métros et les gares, la flânerie de l'apéritif.

La Seine s'était enveloppée de buée. Un dernier remorqueur était passé, avec feux verts et rouges, traînant trois péniches. Dernier autobus. Dernier métro. Le cinéma dont on fermait les grilles après avoir rentré les panneaux-réclame...






— Eh bien ! quand me rendra-t-on une voiture ?… Vous trouvez que c’est intelligent, vous, de priver un homme de son gagne-pain ?… Et, pendant ce temps-là, vous faites la cour à la créature d’en face, ou bien vous buvez des apéritifs en compagnie du garagiste !… Elle est jolie, la police ! Je vous le dis comme je le pense, commissaire ! Oui, elle est jolie !… Peu importe l’assassin ! Ce qu’il faut, c’est empoisonner les honnêtes gens !… J’ai une voiture… Est-elle à moi, oui ou non ?… Je vous le demande ! Répondez !… Elle est à moi ?… Bon ! de quel droit me la gardez-vous sous clé ?…

— Vous êtes malade ? questionna paisiblement Maigret avec un regard à la couverture qui entourait les jambes de l’assureur.

— On le serait à moins ! Je me fais de la bile ! Et moi, c’est sur les jambes que ça me tombe… Une attaque de goutte !… J’en ai pour deux ou trois nuits à rester dans ce fauteuil sans dormir… Si je vous ai fait venir, c’est pour vous dire ceci : vous voyez dans quel état je suis ! Vous constatez l’incapacité de travail, surtout sans voiture ! Cela suffit… J’exigerai votre témoignage quand je demanderai au tribunal des dommages-intérêts… Je vous salue, monsieur !…

Tout cela était récité avec une crânerie exagérée de primaire fort de son bon droit. Mme Michonnet ajouta :

— Seulement, pendant que vous rôdez avec des airs de nous épier, l’assassin, lui, court toujours !… Voilà la Justice !… Attaquer les petits, mais respecter les gros !…

— C’est tout ce que vous avez à me dire ?

M. Michonnet s’enfonça davantage dans son fauteuil, l’œil dur. Sa femme marcha vers la porte.

L’intérieur de la maison était en harmonie avec la façade : des meubles en série, bien cirés, bien propres, figés à leur place comme s’ils ne servaient jamais.

Dans le corridor, Maigret s’arrêta devant un appareil téléphonique d’ancien modèle fixé au mur. Et, en présence de Mme Michonnet, outrée, il tourna la manivelle.

— Ici, Police judiciaire, mademoiselle ! Pourriez-vous me dire si vous avez eu cet après-midi des communications pour le Carrefour des Trois-Veuves ?… Vous dites qu’il y a deux numéros, le garage et la maison Michonnet ?… Bien !… Alors ?… Le garage a reçu une communication de Paris vers une heure et une autre vers cinq heures ?… Et l’autre numéro ?… Une communication seulement… De Paris ?… Cinq heures cinq… Je vous remercie.

Il regarda Mme Michonnet avec des yeux pétillant de malice, s’inclina :

— Je vous souhaite une bonne nuit, madame.

Il ouvrit, en habitué, la grille de la maison des Trois-Veuves, contourna le bâtiment, monta au premier étage.

Else Andersen, très agitée, vint au-devant de lui.

— Je vous demande pardon de vous avoir dérangé, commissaire ! Vous allez trouver que j’abuse… Mais je suis fébrile… J’ai peur, je ne sais pas pourquoi… Depuis notre conversation de tout à l’heure, il me semble que vous seul pouvez m’éviter des malheurs… Vous connaissez maintenant aussi bien que moi ce sinistre carrefour, ces trois maisons qui ont l’air de se lancer un défi… Est-ce que vous croyez aux pressentiments ?… Moi, j’y crois, comme toutes les femmes… Je sens que cette nuit ne s’écoulera pas sans drame…

— Et vous me demandez à nouveau de veiller sur vous ?…

— J’exagère, n’est-ce pas ?… Est-ce ma faute si j’ai peur ?…

Le regard de Maigret s’était arrêté sur un tableau représentant un paysage de neige, pendu de travers. Mais l’instant d’après, déjà, le commissaire se tournait vers la jeune fille, qui attendait sa réponse.

— Vous ne craignez pas pour votre réputation ?

— Est-ce que cela compte, quand on a peur ?

— Dans ce cas, je reviendrai d’ici une heure… Quelques ordres à donner…

— Bien vrai ?… Vous reviendrez ?… C’est promis ?… Sans compter que j’ai des tas de choses à vous dire, des choses qui ne me sont revenues que petit à petit à la mémoire…

— Au sujet ?…

— Au sujet de mon frère… Mais cela ne signifie sans doute rien… Tenez ! par exemple, je me souviens qu’après son accident d’aviation, le docteur qui l’a soigné a dit à mon père qu’il répondait de la santé physique du blessé, mais non de la santé morale… Je n’avais jamais réfléchi à cette phrase-là… D’autres détails… Cette volonté d’habiter loin de la ville, de vivre caché… Je vous dirai tout cela quand vous reviendrez…

Elle lui sourit avec une reconnaissance mêlée d’un petit reste d’angoisse.


En passant devant la villa en pierre meulière, Maigret regarda machinalement la fenêtre du premier étage, qui se découpait en jaune clair dans l’obscurité. Sur le store lumineux se dessinait la silhouette de M. Michonnet assis dans son fauteuil.

A l’auberge, le commissaire se contenta de donner quelques ordres à Lucas, sans les expliquer.

— Tu feras venir une demi-douzaine d’inspecteurs que tu posteras autour du carrefour. T’assurer d’heure en heure, en téléphonant à l’Escargot, puis au théâtre, puis à l’hôtel, que M. Oscar est toujours à Paris… Faire suivre tous ceux qui pourraient sortir d’une des trois maisons…

— Où serez-vous ?

— Chez les Andersen.

— Vous croyez que…

— Rien du tout, vieux ! A tout à l’heure ou à demain matin !

La nuit était tombée. Tout en regagnant la grand-route, le commissaire vérifia le chargeur de son revolver et s’assura qu’il y avait du tabac dans sa blague.

Derrière la fenêtre des Michonnet, on voyait toujours l’ombre du fauteuil et le profil à moustaches de l’agent d’assurances.

Else Andersen avait troqué sa robe de velours noir contre son peignoir du matin et Maigret la trouva allongée sur le divan, fumant une cigarette, plus calme qu’à leur dernière entrevue, mais le front plissé par la réflexion.

— Si vous saviez comme cela me fait du bien de vous savoir là, commissaire !… Il y a des gens qui inspirent confiance dès le premier coup d’œil… Ils sont rares !… Pour ma part, en tout cas, j’ai rencontré peu de personnes avec qui je me sois sentie en sympathie… Vous pouvez fumer…

— Vous avez dîné ?…

— Je n’ai pas faim… Je ne sais plus comment je vis… Depuis quatre jours, exactement depuis cette affreuse découverte du cadavre dans l’auto, je pense, je pense… J’essaie de me faire une opinion, de comprendre…

— Et vous en arrivez à la conclusion que c’est votre frère qui est coupable ?

— Non… Je ne veux pas accuser Carl… D’autant plus que, même s’il était coupable dans le sens strict du mot, il n’aurait pu qu’obéir à un mouvement de folie… Vous avez choisi le plus mauvais fauteuil… Au cas où vous voudriez vous étendre, il y a un lit de camp dans la chambre voisine…

Elle était calme et fébrile tout ensemble. Un calme extérieur, volontaire, péniblement acquis. Une fébrilité qui perçait malgré tout à certains moments.

— Il y a déjà eu un drame, jadis, dans cette maison, n’est-il pas vrai ?… Carl m’en a parlé évasivement… Il a eu peur de m’impressionner… Il me traite toujours en petite fille…

Elle se pencha, dans un mouvement souple de tout le corps, pour laisser tomber la cendre de sa cigarette dans le bol de porcelaine placé sur le guéridon. Le peignoir s’écarta, comme le matin. Un instant, un sein fut visible, petit et rond. Ce ne fut qu’un éclair. Et pourtant Maigret avait eu le temps de distinguer une cicatrice dont la vue lui fit froncer les sourcils.

— Vous avez été blessée, autrefois !…

— Que voulez-vous dire ?

Elle avait rougi. Elle ramenait instinctivement sur sa poitrine les pans du peignoir.

— Vous portez une cicatrice au sein droit…

Sa confusion fut extrême.

— Excusez-moi… dit-elle. Ici, j’ai l’habitude de vivre fort peu vêtue… Je ne croyais pas… Quant à cette cicatrice… Vous voyez ! encore un détail qui me revient soudain à l’esprit… Mais c’est certainement une coïncidence… Quand nous étions encore des enfants, Carl et moi, nous jouions dans le parc du château et je me souviens que Carl reçut, un jour, une carabine, pour la Saint-Nicolas… Il devait avoir quatorze ans… C’est ridicule, vous allez en juger… Les premiers temps, il tirait à la cible… Puis, le lendemain d’une soirée passée au cirque, il a voulu jouer à Guillaume Tell… Je tenais un carton dans chaque main… La première balle m’a frappée à la poitrine…

Maigret s’était levé. Il marchait vers le divan, le visage tellement impénétrable qu’elle le regarda s’approcher avec inquiétude, et que ses deux mains serrèrent le peignoir.

Mais ce n’est pas elle qu’il regardait. Il fixait le mur, au-dessus du meuble, à l’endroit où le paysage était pendu maintenant dans une position rigoureusement horizontale.

D’un geste lent, il fit basculer le cadre, et il découvrit ainsi une excavation dans le mur, pas grande, pas profonde, formée seulement par l’absence de deux briques.

Dans cette excavation, il y avait un revolver automatique chargé de ses six balles, une boîte de cartouches, une clé et un flacon de véronal.

Else l’avait suivi des yeux, mais c’est à peine si elle s’était troublée. Un rien de rougeur aux pommettes. Un peu plus d’éclat dans les prunelles.

— Je vous aurais sans doute montré cette cachette tout à l’heure, commissaire…

— Vraiment ?

Tout en parlant, il poussait le revolver dans sa poche, constatait que la moitié des pastilles de véronal manquaient dans le tube, se dirigeait vers la porte où il essayait, dans la serrure, la clé, qui s’adaptait parfaitement.

La jeune femme s’était levée. Elle ne se souciait plus de découvrir sa poitrine. Elle parlait, avec des gestes saccadés.

— Ce que vous venez de découvrir, c’est la confirmation de ce que je vous ai déjà dit… Mais vous devez me comprendre… Est-ce que je pouvais accuser mon frère ?… Si je vous avais avoué, dès votre première visite, que je le considère depuis longtemps comme fou, vous auriez trouvé mon attitude scandaleuse… Et pourtant, c’est la vérité…

Son accent, plus prononcé quand elle parlait avec véhémence, donnait de l’étrangeté à la moindre phrase.

— Ce revolver ?…

— Comment vous expliquer ?… Quand nous avons quitté le Danemark, nous étions ruinés… Mais mon frère était persuadé qu’avec sa culture il trouverait une situation brillante à Paris… Il n’a pas réussi… Son humeur n’en est devenue que plus inquiétante… Lorsqu’il a voulu nous enterrer ici, j’ai compris qu’il était sérieusement atteint… Surtout qu’il a prétendu m’enfermer chaque nuit dans ma chambre, sous prétexte que des ennemis pourraient nous attaquer !… Imaginez-vous ma situation, entre ces quatre murs, sans possibilité d’en sortir en cas d’incendie, par exemple, ou de toute autre catastrophe ?… Je ne pouvais pas dormir !… J’étais angoissée comme dans un souterrain…

» Un jour qu’il était à Paris, j’ai fait venir un serrurier, qui m’a fabriqué une clé de la chambre… Pour cela, comme il m’avait enfermée, j’ai dû passer par la fenêtre…

» C’était la liberté de mes mouvements assurée… Mais cela ne suffisait pas !… Carl avait des jours de demi-démence ; souvent il parlait de nous détruire tous les deux plutôt que de subir la déchéance absolue…

» J’ai acheté un revolver, à Arpajon, lors d’un autre voyage de mon frère à Paris… Et, comme je dormais mal, je me suis munie de véronal…

» Vous voyez que c’est simple !… Il est méfiant… Il n’y a rien de plus méfiant qu’un homme qui a l’esprit dérangé et qui reste néanmoins assez lucide pour s’en rendre compte… La nuit, j’ai aménagé cette cachette…

— C’est tout ?

Elle fut surprise par la brutalité de cette question.

— Vous ne me croyez pas ?

Il ne répondit pas, marcha vers la fenêtre, l’ouvrit, écarta les persiennes et fut baigné par l’air frais de la nuit.

La route, sous lui, était comme une coulée d’encre qui, au passage des voitures, avait des reflets lunaires. On apercevait les phares très loin, à dix kilomètres de distance peut-être. Puis c’était soudain une sorte de cyclone, une aspiration d’air, un vrombissement, un petit feu rouge qui s’éloignait.

Les pompes à essence étaient éclairées. Dans la villa des Michonnet, une seule lumière, au premier, et toujours l’ombre chinoise du fauteuil et de l’agent d’assurances sur le store écru.

— Fermez la fenêtre, commissaire !

Il se retourna. Il vit Else qui frissonnait, serrée dans sa robe de chambre.

— Est-ce que vous comprenez maintenant que je sois inquiète ?… Vous m’avez amenée à tout vous dire… Et pourtant je ne voudrais pour rien au monde qu’il arrivât malheur à Carl !… Il m’a souvent répété que nous mourrions ensemble…

— Je vous prie de vous taire !

Il épiait les bruits de la nuit. Pour cela, il attira son fauteuil jusqu’à la fenêtre, posa les pieds sur la barre d’appui.

— Puisque je vous dis que j’ai froid…

— Couvrez-vous !

— Vous ne me croyez pas ?

— Silence, sacrebleu !

Et il se mit à fumer. Il y avait au loin de vagues rumeurs de ferme, une vache qui beuglait, des choses confuses qui remuaient. Au garage, au contraire, on entrechoquait des objets en acier, puis soudain on entendait vibrer le moteur électrique destiné au gonflage des pneus.

— Moi qui avais confiance en vous !… Et voilà que…

— Est-ce que, oui ou non, vous allez vous taire ?

Il avait deviné, derrière un arbre de la route, à proximité de la maison, une ombre qui devait être celle d’un des inspecteurs qu’il avait commandés.

— J’ai faim…

Il se retourna avec colère, regarda en face la jeune femme qui faisait piètre figure.

— Allez chercher à manger !

— Je n’ose pas descendre… J’ai peur…

Il haussa les épaules, s’assura que tout était calme dehors, se décida brusquement à gagner le rez-de-chaussée. Il connaissait la cuisine. Près du réchaud, il y avait un reste de viande froide, du pain et une bouteille de bière entamée.

Il monta le tout, posa les victuailles sur le guéridon, près du bol à cigarettes.

— Vous êtes méchant avec moi, commissaire…

Elle avait l’air tellement petite fille ! On la sentait près d’éclater en sanglots !

— Je n’ai pas le loisir d’être méchant ou gentil… Mangez !

— Vous n’avez pas faim ?… Vous m’en voulez de vous avoir dit la vérité ?

Mais il lui tournait déjà le dos, regardait par la fenêtre. Mme Michonnet, derrière le store, était penchée sur son mari, à qui elle devait faire prendre une potion, car elle tendait une cuiller vers son visage.

Else avait saisi un morceau de veau froid du bout des doigts. Elle le grignota sans plaisir. Puis elle se versa un verre de bière.

— C’est mauvais !… déclara-t-elle avec un haut-le-cœur. Mais pourquoi ne fermez-vous pas cette fenêtre ?… J’ai peur… Vous n’avez donc pas de pitié ?…


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