» » » Simenon, Georges - Lécluse n°1


Авторские права

Simenon, Georges - Lécluse n°1

Здесь можно скачать бесплатно "Simenon, Georges - Lécluse n°1" в формате fb2, epub, txt, doc, pdf. Жанр: Полицейский детектив. Так же Вы можете читать книгу онлайн без регистрации и SMS на сайте LibFox.Ru (ЛибФокс) или прочесть описание и ознакомиться с отзывами.
Simenon, Georges - Lécluse n°1
Рейтинг:
Название:
Lécluse n°1
Автор:
Издательство:
неизвестно
Год:
неизвестен
ISBN:
нет данных
Скачать:

99Пожалуйста дождитесь своей очереди, идёт подготовка вашей ссылки для скачивания...

Скачивание начинается... Если скачивание не началось автоматически, пожалуйста нажмите на эту ссылку.

Вы автор?
Жалоба
Все книги на сайте размещаются его пользователями. Приносим свои глубочайшие извинения, если Ваша книга была опубликована без Вашего на то согласия.
Напишите нам, и мы в срочном порядке примем меры.

Как получить книгу?
Оплатили, но не знаете что делать дальше? Инструкция.

Описание книги "Lécluse n°1"

Описание и краткое содержание "Lécluse n°1" читать бесплатно онлайн.



Quand on observe des poissons à travers une couche d’eau qui interdit entre eux et nous tout contact, on les voit rester longtemps immobiles, sans raison, puis d’un frémissement de nageoires aller un peu plus loin pour n’y rien faire qu’attendre à nouveau.


C’est dans le même calme, comme sans raison aussi, que le tramway 13, le dernier « Bastille-Créteil », traîna ses lumières jaunâtres tout le long du quai des Carrières. Au coin d’une rue, près d’un bec de gaz vert, il fit mine de s’arrêter, mais le receveur agita sa sonnette et le convoi fonça vers Charenton. Derrière lui, le quai restait vide et stagnant comme un paysage du fond de l’eau. A droite, des péniches flottaient sur le canal, avec de la lune tout autour.


Un filet d’eau se faufilait par une vanne mal fermée de l’écluse, et c’était le seul bruit sous le ciel encore plus quiet et plus profond qu’un lac.


[http://www.amazon.fr/LEcluse-numéro-1-Georges-Simenon/dp/2253143154](http://www.amazon.fr/LEcluse-num%C3%A9ro-1-Georges-Simenon/dp/2253143154)







— Tu es sûr ?

— Certain. Il s’est fait expliquer le maniement de l’arme.

— Tout à l’heure, quand il sera un peu plus loin, tu l’arrêteras discrètement et me l’amèneras au commissariat.

En attendant, Maigret se hâta de traverser la chaussée et se campa à trois mètres à peine de Ducrau, qui en fut étonné. Il défilait toujours du monde, toujours des gens en bleu, au teint cuit, aux cheveux délavés. Le regard de Maigret croisa celui de Gassin qui approchait, mais le vieux ne manifesta ni surprise, ni contrariété.

Il prenait son tour. Il marquait le pas derrière les autres. Enfin, sans rien dire, il tendit sa vieille main ridée qui serra celle de son patron.

C’était tout. Il s’en allait. Maigret observa sa démarche et fut incapable de dire s’il avait bu ou non, car l’excès d’ivresse donne parfois cet excès de sang-froid.

L’inspecteur attendait au premier coin de rue. Maigret lui fit signe que oui et les deux hommes s’éloignèrent l’un derrière l’autre.

— Tu devrais passer rue du Sentier, à la maison qui est en face du bureau de poste, et acheter une centaine de mètres de corde à rideau… avait téléphoné, le matin, Mme Maigret.

Dans Charenton, on rencontrait des mariniers partout, et bientôt il y en aurait partout, endimanchés, dans tous les cafés des quais, depuis le canal jusqu’à Auteuil. Quelles avaient été les réactions du vieux Gassin quand l’inspecteur l’avait arrêté ? Maigret avait préféré s’en aller du côté contraire, et maintenant il ne savait pas dans quelle rue il se trouvait. On le hélait.

— Commissaire !

C’était Ducrau, qui était déjà à deux pas de lui, Ducrau qui avait quitté sa famille en deuil et écourté les condoléances pour se mettre à sa poursuite.

— Que fricote-t-on autour de Gassin ?

— Que voulez-vous dire ?

— Je vous observais tout à l’heure, quand votre inspecteur vous a parlé. On va l’arrêter ?

— C’est fait.

— Pourquoi ?

Maigret se demanda un instant s’il valait mieux parler ou non.

— Il a acheté un revolver, ce matin.

L’armateur ne dit rien, mais ses yeux devinrent tout petits, son regard dur.

— Je suppose que c’est pour vous ? continua le commissaire.

— C’est fort possible, grogna Ducrau en enfonçant sa main dans sa poche et en exhibant un browning.

Il riait avec défi.

— Vous m’arrêtez ?

— Ce n’est pas la peine. Il faudrait vous relâcher tout à l’heure.

— Et Gassin ?

— Gassin aussi.

Ils étaient dans une tache de soleil, au bord du trottoir, dans une rue étroite où les ménagères faisaient leur marché, et c’est là que, pensant aux deux hommes lâchés dans Paris, chacun avec un revolver, Maigret eut l’idée bouffonne qu’il avait l’air de jouer à Dieu le Père.

— Gassin ne me tuera pas, affirma l’armateur.

— Pourquoi ?

— Parce que !

Et changeant de ton :

— Voulez-vous venir déjeuner chez moi demain, à la campagne ? C’est à Samois.

— Je verrai. Je vous remercie quand même.

Il le laissa aller, lui et son revolver, et son faux col trop raide qui le gênait. Maigret était fatigué et il se souvint qu’il avait promis de téléphoner à sa femme pour lui dire s’il irait passer le dimanche avec elle. Mais il entra d’abord au commissariat. Du moins y faisait-il frais ! Le commissaire était parti déjeuner, et son secrétaire reçut Maigret avec empressement.

— Votre homme est dans la cellule de gauche. J’ai gardé ici le contenu de ses poches.

C’était posé sur un journal déployé : d’abord le revolver, qui était un revolver bon marché, à barillet ; ensuite une pipe en écume, une blague à tabac en caoutchouc rouge et un mouchoir bordé de bleu ; enfin un portefeuille roussi et mou que Maigret mania un moment avant de l’ouvrir.

Il ne contenait presque rien. Dans une pochette se trouvaient les papiers de la Toison-d’Or et la feuille de déclaration, avec la signature des éclusiers. Ailleurs, un peu d’argent, puis deux portraits, un de femme et un d’homme.

Le portrait de femme datait d’au moins vingt ans. L’épreuve, mal tirée, pâlissait, mais on distinguait encore les traits d’une femme jeune et mince, au sourire voilé qui rappelait le sourire d’Aline.

C’était la femme de Gassin et, à cause de sa santé délicate, de cette langueur involontaire, le monde robuste de l’eau devait la trouver distinguée. Ducrau aussi, qui avait couché avec elle ! Était-ce à bord, tandis que Gassin buvait au café, ou dans quelque vilaine chambre meublée ?

L’autre portrait était celui de Jean Ducrau, qu’on venait d’enterrer. C’était une photo d’amateur. Le jeune homme, en pantalon blanc, était debout sur le pont de la péniche. Au dos, il avait écrit :


À ma petite amie Aline qui pourra peut-être le lire un jour, son grand ami, Jean.

 

Mort aussi ! Pendu !

— Et voilà, dit Maigret.

— Vous avez trouvé quelque chose ?

— Des morts ! laissa-t-il tomber en ouvrant la porte d’une cellule.


— Eh bien ! père Gassin ?

Le vieux, qui était assis sur le banc, se leva, et Maigret fronça les sourcils en voyant ses chaussures béantes, son faux col ouvert, sans cravate.

Il appela le secrétaire.

— Qui a fait cela ?

— Mais d’habitude…

— Renouez-lui ses lacets et sa cravate.

Car le marinier était si piteux ainsi, que le procédé prenait l’allure d’une injure ou d’une méchanceté.

— Asseyez-vous, Gassin ! Voici vos affaires, sauf le revolver, bien entendu. Finie, la neuvaine ? Vous êtes sain d’esprit ?

Il s’assit en face de son interlocuteur, les coudes sur les genoux, tandis que le vieux, plié en deux, enfilait ses lacets de chaussures.

— Vous remarquerez que je ne vous ai jamais embêté. Je vous ai laissé aller et venir tout à votre aise et boire comme un trou de sable. Laissez ça tranquille ! Vous vous rhabillerez tout à l’heure. Vous entendez ?

Gassin leva la tête et Maigret constata que, s’il la baissait auparavant, c’était peut-être pour cacher un drôle de sourire.

— Pourquoi voulez-vous tuer Ducrau ?

Il n’y avait déjà plus de sourire ; il y avait un visage tout ridé de marinier qui, tourné vers Maigret, n’exprimait qu’une tranquillité parfaite.

— Je n’ai encore tué personne.

N’était-ce pas la première fois qu’il parlait ? Il le faisait posément, d’une voix sourde qui devait être sa voix naturelle.

— Je sais. Mais vous voulez tuer ?

— Je tuerai peut-être quelqu’un.

— Ducrau ?

— Peut-être lui, peut-être un autre.

Il n’était pas ivre, c’était évident. Mais il avait bu quand même. Ou alors il gardait des restes de ses libations antérieures. Les autres jours, il exagérait ses airs hargneux. À présent il était trop calme.

— Pourquoi avez-vous acheté une arme ?

— Pourquoi êtes-vous à Charenton ?

— Je ne vois pas le rapport.

— Si !

Et comme Maigret se taisait un moment, impressionné par ce raccourci vertigineux :

— Avec la différence que vous, au fond, cela ne vous regarde pas.

Il ramassa le second lacet et, à nouveau ployé, il commença à le passer dans les œillets de la chaussure. Il fallait tendre l’oreille pour ne pas perdre un mot de ce qu’il disait, car les syllabes se brouillaient dans sa barbe. Peut-être se moquait-il d’être entendu ? Peut-être était-ce un dernier soliloque d’ivrogne ?

— Il y a dix ans, à Châlons, le patron du Cormoran s’est arrêté devant une belle maison habitée par un docteur. Il s’appelait Louis. Pas le docteur, le patron ! Il était fou de joie et d’impatience. Sa femme, qui avait trente ans, allait enfin avoir un enfant.

Les murs trépidaient parfois au passage d’un tramway, et on devinait le timbre d’une boutique proche dont la porte s’ouvrait et se refermait sans cesse.

— Un enfant, ils en espéraient un depuis huit ans. Louis était prêt à donner, pour l’avoir, tout ce qu’il avait économisé. Il va donc trouver le docteur, un petit brun à lunettes, que j’ai connu. Il lui explique qu’il a peur que l’accouchement ait lieu au diable, dans un village, et qu’il préfère rester à Châlons tant qu’il faudra.

Gassin se redressa, congestionné d’être resté tête basse.

— Huit jours passent. Le docteur vient tous les soirs. Enfin les douleurs commencent vers cinq heures de l’après-midi. Louis ne tient pas en place. On le voit sur le pont, sur le quai. Il se suspend à la sonnette du médecin. Il l’amène, presque de force. L’autre lui jure que tout va bien, très bien, que les choses se dérouleront sans accroc et qu’il suffira de le prévenir à la dernière minute.

Gassin récitait cela comme une litanie.

— Vous ne connaissez pas le coin ? Moi, je vois la maison comme si j’y étais, une grande villa neuve, avec de larges fenêtres qui, ce soir-là, étaient toutes éclairées, car le docteur donnait une fête. Il était beau, parfumé, les moustaches frisées. Deux fois il est venu, en coup de vent, l’haleine sentant le bourgogne, puis les liqueurs.

« — Parfait, parfait ! qu’il disait. À tout à l’heure…

« Il traversait le quai en courant. On entendait le phonographe. On voyait même sur les rideaux l’ombre des gens qui dansaient.

« La femme hurlait et Louis, affolé, pleurait sans pleurer. Ce qui se passait l’épouvantait. Une vieille commère, dont le bateau était amarré plus loin, jurait que l’enfant se présentait mal.

« À minuit, Louis va sonner chez le docteur, et on lui répond que celui-ci va venir.

« À minuit et demi, il sonne encore. Le corridor est plein de musique.

« Et la femme de Louis hurle au point que des passants s’arrêtent un moment sur le quai et s’en vont à pas plus rapides.

« Enfin, les invités partent. Le petit docteur arrive, pas tout à fait soûl, mais pas tout à fait sain. Il retire son veston, trousse ses manches.

« Il faudra peut-être les forceps…

« Ils sont à l’étroit. On se bouscule. Et voilà le docteur qui parle de broyer la tête de l’enfant !

« — Mais ce n’est pas possible ! lui crie Louis…

« — Vous voulez que je sauve la mère ?

« Il a sommeil, le docteur. Il n’en peut plus. Il bafouille. Une heure après, quand il se redresse, Louis voit que sa femme ne crie plus, ne bouge plus…

Gassin regarda Maigret dans les yeux et conclut :

— Louis l’a tué.

— Le médecin ?

— Froidement, comme ça, d’une balle dans la tête, puis il a tiré une autre balle dans le ventre, puis il a ouvert la bouche comme s’il voulait manger son revolver et un troisième coup est parti. On a vendu le bateau aux enchères trois mois après.

Pourquoi Gassin souriait-il ? Maigret l’aimait mieux ivre mort et méchant comme les autres jours.

— Qu’est-ce qu’on va me faire, maintenant ? questionna-t-il sans curiosité.

— Vous me promettez de ne pas faire de bêtises ?

— Qu’appelez-vous des bêtises ?

— Ducrau a toujours été votre ami, n’est-ce pas ?

— On est du même village. On a navigué ensemble.

— Il vous aime bien.

Maigret prononça mal cette dernière phrase.

— Peut-être.

— Dites-moi, Gassin, à qui en voulez-vous ? Je vous parle en homme.

— Et vous ?

— Je ne comprends pas.

— Je vous demande après qui vous en avez. Vous cherchez quelque chose. Eh bien ! qu’avez-vous trouvé ?

C’était inattendu. Là où Maigret n’avait vu qu’un ivrogne, il y avait un homme qui, tout en se soûlant dans son coin, avait fait, en somme, son enquête personnelle. Car c’était cela que Gassin voulait dire.

— Je n’ai encore rien trouvé de précis.

— Moi non plus.

Mais il était sur le point de le faire ! C’était le sens de son regard lourd et froid. Maigret avait eu raison de rendre les lacets et la cravate. L’affaire n’avait plus aucun rapport avec le commissariat miteux, ni même avec la police. Ils étaient deux hommes assis en face l’un de l’autre.

— Vous n’êtes pour rien dans l’attentat contre Ducrau, n’est-il pas vrai ?

— Pour rien du tout, répondit une voix ironique.

— Vous n’êtes pour rien non plus dans le suicide de Jean Ducrau.

Gassin se tut et hocha lentement la tête.

— Vous n’étiez ni le parent, ni l’ami de Bébert. Vous n’aviez aucune raison de le pendre.

Le marinier se leva en soupirant, et Maigret fut étonné de le voir si petit et si vieux.

— Dites-moi ce que vous savez, Gassin. Votre camarade de Châlons ne laissait rien derrière lui. Vous, vous avez une fille.

Il s’en repentit, car il reçut un regard si terriblement interrogateur qu’il sentit la nécessité de mentir et de bien mentir, coûte que coûte.

— Votre fille guérira.

— Peut-être bien que oui.

On eût dit que cela lui était égal. La question n’était pas là, parbleu ! Maigret le savait. On en était arrivé où il eût voulu ne pas en venir. Mais Gassin ne posait pas de question. Il se taisait et regardait, c’était tout et c’était angoissant.

— Vous avez vécu heureux jusqu’ici à votre bord…

— Savez-vous pourquoi je fais toujours la même route ? Parce que c’est celle que nous avons parcourue quand je me suis marié.

Sa chair était toute dure, sa peau striée de fines rides noires.

— Répondez-moi, Gassin. Savez-vous qui a attaqué Ducrau ?

— Pas encore.

— Savez-vous pourquoi son fils s’est accusé ?

— Peut-être.

— Savez-vous pourquoi l’éclusier a été pendu ?

— Non.

Il était sincère, c’était hors de doute.

— On va me mettre en prison ?

— Je ne peux pas vous maintenir en état d’arrestation pour port d’arme prohibé. Je vous demande seulement d’être calme, patient, d’attendre la fin de mon enquête.

Les petits yeux clairs étaient redevenus agressifs.

— Je ne suis pas le médecin de Châlons, ajouta Maigret.

Gassin souriait tandis que le commissaire se levait, fatigué par cet interrogatoire qui n’en était pas un.

— Je vais vous relâcher dès maintenant.

Il n’y avait rien d’autre à faire. Dehors, c’était toujours cet invraisemblable printemps sans une goutte de pluie, sans une averse, sans un nuage. Sur une petite place, la terre était dure et blanche autour des marronniers. Les arroseuses municipales aspergeaient toute la journée un bitume aussi mou qu’en plein été.

Sur la Seine, sur la Marne, sur le canal même, des petites embarcations peintes ou vernies, avec des rameurs aux bras nus, se faufilaient entre les péniches.

Partout il y avait des terrasses sur les trottoirs, et en passant devant les cafés on recevait des bouffées de bière fraîche. Bien des mariniers n’avaient pas encore rejoint leur bord. Ils allaient de bistrot en bistrot, le col amidonné, le visage de plus en plus rouge.


На Facebook В Твиттере В Instagram В Одноклассниках Мы Вконтакте
Подписывайтесь на наши страницы в социальных сетях.
Будьте в курсе последних книжных новинок, комментируйте, обсуждайте. Мы ждём Вас!

Похожие книги на "Lécluse n°1"

Книги похожие на "Lécluse n°1" читать онлайн или скачать бесплатно полные версии.


Понравилась книга? Оставьте Ваш комментарий, поделитесь впечатлениями или расскажите друзьям

Все книги автора Simenon, Georges

Simenon, Georges - все книги автора в одном месте на сайте онлайн библиотеки LibFox.

Уважаемый посетитель, Вы зашли на сайт как незарегистрированный пользователь.
Мы рекомендуем Вам зарегистрироваться либо войти на сайт под своим именем.

Отзывы о "Simenon, Georges - Lécluse n°1"

Отзывы читателей о книге "Lécluse n°1", комментарии и мнения людей о произведении.

А что Вы думаете о книге? Оставьте Ваш отзыв.